Le poids des mots

Parfois (souvent!) J’écris, pour les réseaux sociaux car finalement plus personne ne prend vraiment le temps de lire … Mais certains textes et certains écrits méritent de garder une trace, comme celui-ci que je copie colle ici. Bonne lecture !

L’été dernier, j’étais enceinte, dans mon dernier trimestre de grossesse et souvent jugée. Visiblement pas assez ronde, pas assez visible, pas assez mère aux yeux des autres peut être. Entre les « Tu es certaine de prendre assez de poids? » & les « Ton bébé doit manquer. » Comme si mon ventre n’était pas un nid, mais une balance. Comme si la vie qui grandissait en moi devait obéir à des attentes extérieures de personnes que je ne connaissais pas la plupart du temps.

Pourtant, ceux qui suivaient ma grossesse m’ont toujours dit que tout allait bien que « Bébé pousse parfaitement. » Mais ces mots-là, personne ne voulait les entendre. Le médical avait finalement moins de poids que les opinions de chacun. Et puis elle est née.

Ma fille, mon trésor, mon soleil.

Un bébé plein de vie, de rires et de plis sur les poignets.

Et soudain, on a changé de refrain : « Oh on mange bien à la cantine. », « Moi aussi mes bébés étaient gros. », « Elle va maigrir quand elle marchera. » Et puis il y a eu cette phrase. Celle qui m’est restée comme une blessure à mon coeur de maman, dans un ascenseur, un inconnu. Un homme. Un sourire, une remarque lancée sans conscience :

« Il est bien gras, le poulet ! »

PARDON?

Le poulet? Ma fille ? Pourquoi ce besoin de toujours dire quelque chose ? Pourquoi ce droit qu’on se donne, sur le corps des autres ? Des femmes, des bébés, des mères. Comme si tout était à commenter. Je repense à tout ce chemin. À la grossesse jugée, au bébé observé. À cette pression constante, pas vilaine en apparence, mais lourde au fond.

Et je me demande encore : Quand est-ce qu’on nous laissera tranquilles ? Qu’on soit maigres, rondes, jeunes ou mères. Quand cessera-t-on de faire du corps des femmes un sujet de conversation ? Jamais juste comme il faut, jamais assez pour les autres. Toujours ce besoin de dire, de classer, de mesurer.

Et moi, je regarde ma fille, en sortant de cet ascenceur mal de n’avoir rien dit tant j’étais abbasourdie. Et je lui dis à voix haute pour m’auto pardonner de n’avoir rien dit dedans, « Tu es parfaite ma fille et tu n’es pas un poulet, tu es un bébé »

Moi je vois l’amour.

Je vois cette petite fille câline et solaire que je nourris avec fierté et que j’éveille à être une femme pleine d’empathie et de bienveillance.

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